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Les origines de l'architecture chretienne

2.1.1 Archéologie et architecture

 

L’archéologie des monuments cultuels de l’ère chrétienne constitue un vaste domaine qui recourt à des méthodes complexes. Elles concernent aussi bien l’étude de terrain, l’analyse de matériel que les différentes techniques de datation. Pour le christianisme, l’archéologie en effet se préoccupe de problématiques aussi diverses que l’épigraphie, l’art funéraire, les meubles liturgiques ou l’architecture des bâtiments cultuels. Ce sont ces derniers qui vont retenir toute notre attention, et plus particulièrement ceux qui ont été édifiés au cours du premier millénaire de notre ère et au début du deuxième.

En effet, c’est grace à ces bâtiments que nous pouvons connaître un des apects essentiels de l’unité sociale telle qu’elle s’édifiait dans l’Antiquité et au Moyen âge. A partir de la christianisation de l’Empire (et de l’impérialisation de l’Eglise) initiée par l’Empereur Constantin en 313, le culte chrétien est devenu l’élément clef de la structuration rituelle et idéologique de l’Occident et du Moyen Orient (jusqu’à la venue de l’Islam).

Dans ce cadre, surtout lorsque l’on progresse dans le temps, il s’agit surtout d’étudier le bâti qui a survécu jusqu’à nous, voire d’évoquer ses éléments vestigiaux (fresques effacées, traces cachées d’un bâti antérieur...), davantage que d’évoquer un bâti entièrement disparu.

Il faut espérer qu’il soit ainsi possible de mieux comprendre les édifices du culte chrétien, que ce soient du point de vue liturgique, historique, culturel ou encore sociétal.

Notre point vue priviligiera l’utilisation liturgique du bâtiment, selon un plan chronologique. Il s’agit de sa raison-d’être première et de ce qui définit sa place dans la communauté humaine qui le fait vivre. L’édifice cultuel chrétien a pour but d’accueillir la communauté des baptisés (et des catéchumènes) lorsqu’elle se réunit pour célébrer les différentes réunions cultuelles qui ponctuent son existence : l’eucharistie dominicale hebdomadaire, l’office quotidien (surtout de matines et de vêpres, les offices du matin et du soir donc), la vigile et le baptême pascals, les funérailles et toutes les autres rassemblements liturgiques, et parfois aussi certaines assemblées purement civiles.

Matthieu smyth architecture chrétienne cours université

Vestiges de la domus ecclesiae à Doura-Europos / Syrie 

L'espace liturgique chrétien

2.1.2 L’espace liturgique chrétien

L’architecture des lieux de culte chrétien est donc, à l’origine et par la suite, normalement liée au type de liturgie qui s’y déroule.

 

Depuis les premières maisons-églises jusqu’aux cathédrales gothiques, et même aux églises-théâtres de l’époque baroque, ces bâtiments sont conçus — ou réaménagés — en fonction de la pratique liturgique contemporaine ainsi que de l’idéologie ecclésiale prévalente. Ils reflètent la structure hiérarchique de la communauté chrétienne, mais aussi à partir du IVe siècle de la communauté civile, avec ses divisions et ses échelons. Ils reflètent les différents rituels qui jalonnent la vie du chrétien. Ils reflètent enfin les diverses manières que les siècles ont eu d’envisager la liturgie en général, la relation entre le monde profane et le divin et même la place de la communauté dans le cosmos qui l’entoure.

C’est d’ailleurs une des caractéristiques du culte chrétien que de s’être doté d’un espace liturgique unique en son genre, destiné seulement à abriter des assemblées, puis d’avoir vu sa nature – fonctionnelle à l’origine – évoluer avec le temps ; par voie de conséquence son organisation évoluera de même.

A partir de l’époque impériale, lorsque la religion chrétiennne devient religion d’état, la construction des bâtiments qui abritent l’espace liturgique chrétien va d’ailleurs permettre l’éclosion de formes architecturales de plus en plus originales et audacieuses, appelées elles-aussi à se développer et à changer tant en fonction des besoins de la liturgie que des avancées techniques de l’architecture.

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