Au contraire de la mystagogie de type alexandrin en faveur à Constantinople sous Justinien, la mystagogie syrienne inaugurée par Théodore de Mopsueste († 428) dans ses Homélies catéchétiques XV-XVI, va encourager le développement d’une iconographie figurative au sein des basiliques, dans le but d’illustrer la dramaturgie liturgique relatant la venue du Christ parmi les hommes. C’est ainsi qu’une architecture qui le facilite, privilégiant des murs plus unis qu’ajourés, à l’instar justement des basiliques syriennes tardives.
La mystagogie syrienne propose aussi une lecture allégorique de la liturgie, et en particulier des processions, mais dans un sens encore plus théâtral où chaque rite reçoit une interprétation narrative symbolique centrée sur la vie du Christ. La liturgie devient, dans cette perspective, une imitation (mimèsis) dramaturgique de la Passion. La procession des dons figure le Christ mis au tombeau, le dévoilement des oblats avant l’anaphore figure sa résurrection, l’épiclèse pneumatique figure la Pentecôte...
Cette surimposition de symboles allégorisants sur les symboles liturgiques (qui se trouvent du même coup obscurcis) va donc favoriser un autre surimposition de signes sur la liturgie, ou plutôt sur le lieu de la liturgie, à travers l’iconographie. Les fresques et les mosaïques des églises, en privilégiant désormais les images figuratives tirée de la vie du Christ viennent aider l’herméneutique allégorique narrative et christocentrique que véhicule désormais la liturgie dans la région d’Antioche puis partout ailleurs.
Justement, à cette époque, l’iconographie figurative du Christ et des saints connaît en Syrie puis ailleurs un essort prodigieux. En 586 sous l’empereur Maurice, les icônes du visage du Christ remplacent le chrisme et la croix comme palladium. A constantinople, le canon 82 du concile Quinisexte (ou in trullo), réuni par Justinien II en 691 (ou 692) votera même un canon en faveur de l’image humaine du Christ, pour bânir des églises les images symboliques typologiques vétérotestamentaires préfigurant le Christ. Il s’agit désormais de recouvrir les églises d’une iconographie narrative et figurative centrée sur un accès direct à la personne du Christ.
Le patriarche Germain de Constantinople introduira vers 730 cette mystagogie syrienne à Constantinople, à l’opposé des orientations conservatrices des iconoclastes qui s’en tiennent à une vision cosmique de la liturgie. Du reste, l’architecture byzantine, sans abandonner le plan central, va suivre ce mouvement en édifiant des églises plus proches de celles bâties alors en Syrie, et qui facilitent le déploiement d’une iconographie narrative fastueuse
