
Ce style, proche de celui de certaines églises syriennes « halles » entièrement voûtées de plein-cintre « à la romaine », dérive également de celui des églises voûtéesde faibles dimensions du défunt royaume wisigothique qui dominait l’Hispanie jusqu’en 711 (à ceci près qu’elles se singularisent pardes arcs outrepassésquiserontrepris par l’art islamique), comme San-Pedro-de-la-Nave à l’ouest de la Castille.
D’ailleurs, bien que né en Lombardie (Sainte-Marie- Majeure de Lomello ou San-Carpoforo à Côme), ce style va atteindre sa maturité en Catalogne (et en Roussillon), à travers des monuments tels que Sainte- Cécile de Montserrat (vers 980), Saint-Martin-du-Canigou (An mil), Saint-Vincent de Cardona ou Sant- Pere-de-Rodes.
Par le truchement du royaume d’Arles, le premier art roman remonte en Bourgogne, notamment grâce à l’influence qu’exercera la prestigieuse abbatiale de Cluny II (commencée peu après l’An mil) et ses filiales les abbatiales de Romainmôtier (aujourd’hui dans le Canton de Vaud en Suisse) et de Saint-Etienne de Nevers, ou encore de Saint-Philibert de Tournus (mais qui n’est pas clunysienne).
Lorsqu’il y a des collatéraux, une galerie coiffe chaque bas-côté, soutenue en cela par une imposante colonnade. La galerie, avec la voûte en demi-berceau qui recouvre le collatéral, contrebutent la voûte de manière secondaire.
La voussure de son berceau est normalement renforcée à l’intérieur (l’intrados par opposition au dessus de la voûte : l’extrados) par des arcs doubleaux qui divisent la nef en travées.Ces arcs reposent sur des pilastres intérieurs, lesquels sont intégrésaux murs lorsqu’il n’y a pas de bas-côté.
Les grands édifices comportent un transept, en général surmonté à la croisée du transept d’une tour-clocher.
Les abbatiales sont jouxtées d’un cloître. Ce patio, qui abrite les déambulations méditatives des moines au milieu de l’abbaye, trahitdes influences méditerranéennes. En raison du prestige qu’exerce le modèle monastique sur le clergé urbain, les chanoines des cathédrales et des collégiales l’adopteront au siècle suivant.

Cathédrale Sainte-Julie-et-Sainte-Eulalie d'Elne , France
La division des monastères au haut moyen-âge entre frères convers et moines de chœurs (moines-prêtres donc pour la plupart), en parallèle avec la multiplication du nombre de ses mêmes moines-prêtres afin de faire face à la demande croissante des messes votives, va provoquer l’expansion d’un espace clos au sein même de l’abbatiale, le chœur. Il est réservé aux moines de chœur, seuls astreints au chant collectif des heures de l’office quotidien (nocturnes, matines, prime, tierce, sexte, none, vêpres, complies). Le chœur s’étend depuis le sanctuaire jusque dans la nef. Les moines de chœurs y siègent face à face dans des stalles pour chanter les psaumes de l’office en se répondant. On retrouvera également cette structure dans la cathédrale à l’usage du chapitre des prêtres — les chanoines — qui y est attaché et qui y récite aussi l’office quotidien.
Sur le plan décoratif, le premier art roman se caractérise par l’ajout de bandes lombardes, des frises d’arcatures aveugles en plein-cintre (les lésènes) soutenues par des pilastres failblement saillant disposés régulièrement sur les façades.