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Dès le Ve siècle, en Syrie, en lien avec le culte des reliques, se développe une cérémonie de consécration de la basilique, la dédicace (très longue cérémonie liturgique pendant laquelle un évêque installe des reliques dans l’autel d’une nouvelle basilique et consacre le lieu au culte chrétien), pendant laquelle le bâtiment est traité comme une personne que l’on baptise, que l’on encense et que l’on oint.

Cette perspective constitue une rupture complète avec la perspective en vigueur avant la Paix de l’Eglise, lorsque les chrétiens se targaient de ne pas se réunir dans des bâtiments où « habite » la divinité. Dieu n’avait pour demeure que le cœur des fidèles et le sein de leur assemblée. C’est ce que souligne en Afrique du nord un apologète chrétien au début du IIIe siècle :

 

Quant au Dieu que nous adorons, vous croyez que c’est le tenir caché, que de n’avoir pour son culte ni temple, ni autel ? Mais comment représenter ce Dieu ? Jugez sainement, l’homme n’est-il pas lui-même une représentation de Dieu ? Quel temple lui bâtir, à lui que tout cet univers, qu’il a pourtant créé, ne pourrait contenir ? Et moi, simple mortel, je serai plus au large dans une vaste maison, cependant que j’essaierai d’enfermer cette puissance et cette majesté sans borne entre les quatre murs d’un tout petit sanctuaire ? Ce Dieu ne vaut-il pas mieux le consacrer dans notre esprit et notre cœur [MINUCIUS FELIX, Octavius, 10] ?

 

Au VIIe siècle, en Gaule franque, c’est un sentiment tout différent qu’exprime ce chant tiré de Gn 28, 17-22 transmis par l’introït (le chant d’entrée de la messe romaine) Terribilis est locus iste de la messe de la dédicace du rit romain carolingien (romano-franc) : « Ce lieu est terrible, c’est ici la maison de Dieu, et la porte du ciel, et nous l’appelons le palais de Dieu ».

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