PERIODE PALEOCHRETIENNE
La période que l’on qualfie de paléochrétienne s’étend jusqu’à l’avènement d’une Eglise d’empire. Elle est surtout documentée à partir de la fin du deuxième siècle de notre ère.
Même si les premières communautés chrétiennes ont le plus souvent utilisé pour se réunir des bâtiments privés capables d’accueillir leurs synaxes (assemblées), il semble qu’il y ait eu très tôt également, là où c’était possible, des bâtiments spécifiquement chrétien, des synagogues chrétiennes, basées sur le plan rectangulaire basilical très symple adopté par les synagogues du temps (comme par exemple celle de Capharnaüm). C’est peut-être déjà ce qu’atteste négativement Mt 23, 34 (la mention de « vos synagogues » hostiles aux chrétiens supposerait l’existence de synagogues chrétiennes) à la fin du premier siècle pour la région d’Antioche dont cet évangile est sans doute originaire.
2.2.1 Des bâtiments spécifiques
Un peu plus d’un siècle plus tard, nous avons divers témoignages aussi bien archéologiques que littéraires qui nous le confirment : en particulier la « maison église » et son baptistère édifiés vers 230 à Doura-Europos, petite ville de garnison sur l’Euphrate en Syrie, disparue ensuitesous les sables. Ils sont décorés de fresques relatant des événements de la vie du Christqui ne laissent pas subsister de doute sur leur affectation.


Jesus et la Samartaine - Doura-Europos / Syrie
Baptistère de la maison église de Doura-Europos (actuellement au musée de Damas)
2.2.2 Nouveau rituel, nouveau bâtiment
Le témoignage d’un document contemporain syrien, à la fois canonique et liturgique, attribué aux apôtres, la Didascalia apostolorum 12, 21, évoque un de ces bâtiments spécialement affectés au culte chrétien. Nous y découvrons que la domus ecclesiae est toujours orientée vers l’est, comme l’indique aussi Tertullien selon qui les chrétiens « prient en direction du soleil levant » (Apologétique 16). Les fidèles se tiennent donc vers l’est, dans la nef, face à un pupitre des lectures qui se tient devant un autel (nombreuses références aussi à ce meuble à la même époque chez Cyprien de Cathage). Derrière celui-ci, au fond, se trouve le siège de l’évêque au mileu des bancs des dignitaires (prêtres, diacres, veuves).
Nous observons donc que l’architecture reflète les évolutions liturgiques de l’Eglise chrétienne. Celle-ci n’est plus une secte eschatologique juive. En même temps qu’elle s’est séparée du judaïsme bientôt exclusivement rabbinique, l’Eglise chrétienne est devenue une nouvelle religion initiatique « à mystère », centrée sur la célébration du « Mystère pascal » du Christ, surtout à travers les rites du baptême de Pâque et l’eucharistie dominicale.
Cette dernière, à cet égard, n’est plus le banquet sacré juif convivial des origines, mais un rite stylisé et hiératisé dont la relation avec un vrai repas n’est plus guère qu’un souvenir. Le bâtiment n’est plus une salle-à-manger domestique, mais un lieu de culte où se rassemble la communauté des initiés, calqué sur la synagogue et sur la basilique civile.
Pour autant, le bâtiment lui-même n’est pas encore perçupar les chrétiens comme un « espace sacré » doté d’une présence divine particulière. C’est un édifice purement fonctionnel destiné à abriter les rites qui s’y déroulent. Seuls le rituel qui est accompli et les personnes qui y prennent part sont perçues comme sacrés.

Synagogue Doura-Europos / Syrie